L'étude ANRS-Prévenir vise à évaluer, chez les personnes à risque, l'impact de la prophylaxie pré-exposition du VIH (PrEP) sur l'épidémie du VIH/SIDA en Ile de France, région de France métropolitaine la plus touchée par cette épidémie. En juillet 2018 ont été communiqués à l’occasion de la Conférence mondiale sur le VIH/Sida, les premiers résultats de cette étude démarrée en 2017, portant sur les 1 500 premiers volontaires. Aucune contamination n’a été rapportée et une bonne tolérance de la PrEP qui associe deux antiviraux le tenofovir et l’emtricitabine a été observée. Sur l’analyse de ces premières données, on peut estimer que 85 contaminations ont pu être évitées.
D’ici 2019, l’étude ANRS Prévenir prévoit d’inclure 3 000 personnes, qui seront suivies jusqu’en 2020. Un point sur cette étude pionnière en France et en Europe.
Qui ?
Coordonnée par Jean-Michel Molina (Hôpital Saint-Louis, AP-HP), Jade Ghosn (Hôpital Hôtel Dieu, AP-HP) et Daniela Rojas-Castro (association AIDES), promue par l’ANRS en partenariat avec l’association AIDES.
Pourquoi ?
L’étude ANRS Prevenir a pour objectif d’évaluer l’impact en santé publique du déploiement de la PrEP en Ile de France. Elle vise à réduire, principalement dans la population la plus exposée au VIH le nombre des nouvelles infections. Elle permet aussi l’évaluation de l'impact d'un accompagnement personnalisé proposé par des acteurs communautaires ainsi que la prévention et la prise en charge des autres infections sexuellement transmises (IST) dans une optique d’amélioration de la santé sexuelle des personnes vulnérables.
Pour qui? Comment?
La PrEP consiste en l’administration de deux antirétroviraux combinés dans le même comprimé, qui sont habituellement prescrits pour le traitement des personnes infectées par le VIH, et dont l’utilisation est également possible en prévention du VIH chez des personnes séronégatives à haut risque de contamination du fait d’une utilisation insuffisante du préservatif. La PrEP peut être prise de façon continue à raison d’un comprimé par jour comme pour une contraception orale, ou bien à la demande au moment des rapports sexuels qui doivent être anticipés puisque la prise des comprimés doit démarrer au moins 2h avant le rapport sexuel et se poursuivre pendant les 48h suivantes. La PrEP est maintenant disponible en France sous forme de génériques.
Où en est l’étude 18 mois après son lancement ?
Au 22 octobre 2018, 2044 personnes avaient été incluses. Il s’agit pour le moment essentiellement d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. « Nous visons dans le futur à recruter également des volontaires issus d’autres populations à haut risque de VIH et d’IST comme les personnes transgenres et les migrants venant de pays de forte endémie du VIH » indique le Pr Jean Michel Molina.
Grace à cette étude il va être également possible de mieux dépister et traiter les autres IST et d’étudier de nouveaux modes de prévention de ces infections.
Quelle est la situation de la PrEP dans les pays européens ? Dans le monde ?
La PrEP est recommandée par l’OMS dans tous les pays touchés par l’épidémie du VIH/Sida et de nombreux programmes sont maintenant en place dans la plupart des pays en Amérique, Afrique, Asie et Australie et bien sûr en Europe. Son impact sur l’épidémie a déjà été observé dans certaines villes (San Francisco) et régions (Nouvelle Galles du Sud en Australie). Un déploiement plus large de la PrEP associé à un renforcement de l’utilisation du préservatif, mais aussi du dépistage et du traitement des personnes infectées par le VIH (on parle de prévention combinée) devrait permettre de mieux contrôler l’épidémie du VIH/Sida.